dimanche 20 décembre 2009

Compostelle et moi, conclusion !

Les prémices
C’est un pèlerinage dont j’avais entendu parler. Un jour dans le train, la bande d’amis avec qui je voyageais le matin en parlèrent plus précisément jusqu’à ce que Gérard organise une première session d’une quinzaine de jours en partant de Vézelay ! Après les vacances Gérard me dit : on arrête là l’expérience c’est trop difficile d’organiser ça en groupe. Ils étaient une quinzaine si mes souvenirs sont exacts. Entre temps Juliette m’avait offert un livre sur Compostelle lu avec intérêt. Et à l’occasion de nos marches d’une semaine entre vieux amis : Vannes-Dinard, Normandie, Corrèze, Indre où réapparaît Compostelle et puis Normandie à nouveau. Et puis Jean avait largement déminé le terrain pour une aventure à laquelle tous ou presque imaginions participer, y compris Zouzou et moi qui avions déjà acheté chaussures et bâtons. Après en avoir discuter lors de notre dernière marche en Normandie, Jean décida le 17/05/2009 d’annuler ce pèlerinage entre amis tout en précisant que lui, le ferai malgré tout. Nous étions un peu dépités mais trouvions la décision finalement bien sage.
La décision
Le 3/9 Jean nous annonce qu’il partira le 29 d’Ostabat ! Paul Marc et Michel décident de l’accompagner. Pour ma part, avant de décider de partir avec eux, je devais vérifier si j’étais capable de marcher 25km avec 8 ou 9kg sur le dos. Le 18/09 c’est avec « crainte et curiosité » que j’annonce à mes 3 amis que je suis partant pour tenter l’aventure avec eux. C’est aussi simple que cela. Et au passage je réalise que Compostelle et Santiago c’est la même chose ! Ne riez pas !


La préparation et l’équipement
Depuis un certain temps je faisais des marches régulières autour de la maison pour aller chercher le pain en général, très souvent avec PM, toujours un sac relativement léger sur le dos pour m’y habituer et y stocker de quoi se protéger de la pluie, ne pas mourir de soif ou de froid, ni de faim, disposer de quelques outils au cas où : couteau , scie, cordelette, briquet, compeed, … j’entrepris même de marcher vers le Mont Saint Michel et vers Paris. Les 5 dernières marches ont été faites avec un sac entre 8 et 9kg. De janvier à septembre j’ai marché à peu près 300h dont environ 115h les 2 derniers mois.
Et puis il a fallu s’équiper rapidement. Les conseils avisés de Jean et Paul-Marc m’y ont aidé : sac à dos, sac de couchage, habillement, chaussettes, etc … Bien que décidé à participer à cette marche-pèlerinage, je ne réalisais pas vraiment ce que cela représentait, mais cela ne me préoccupait pas outre mesure. Et puis le départ se faisait dans d’excellentes conditions. Jean avait tout préparé et étudié. Paul Marc avait fait un tour sur le terrain et en plus nous descendait à Ostabat avec escale chez Jean puis chez Jean Michel et Sylvie. J’ai eu la chance de n’avoir à m’occuper de rien en termes d’organisation, n’y ayant aucune espèce de compétence ni attirance, et cela convenait parfaitement à mon incapacité à entreprendre ce genre d’aventure. Je n’aurais plus qu’à marcher.

La justification
Au départ j’ai été poussé par la curiosité, l’amusement et le plaisir de partir avec 3 amis. Mais en cours de route et cela jusqu’à Compostelle je me suis demandé pourquoi j’avais marché environ 800km pour aller là bas. Je crois avoir trouvé une partie de la réponse. C’est un espagnol qui m’a peut être ouvert les yeux. En lui parlant de Saint Jacques Matamoros, il a eu un grand sourire et m’a répondu avec gourmandise : La RECONQUISTA !! Les arabes ont occupé l’Espagne pendant 7 siècles ! J’ai peut-être fait le pèlerinage et tenu à aller au bout en partie pour cette raison tout en me demandant si cela a un sens. Cela relève sûrement de l’inconscient.
Quant à la prière, en principe c’est une occupation importante lors d’un pèlerinage, voici ce que je peux dire : En marchant on pense et réfléchi beaucoup même si on a les yeux fixés la plupart du temps sur ses pieds, on souhaite égoïstement que tout se passe bien pour soi. Mais très souvent on formule des tas de souhaits positifs pour tous ceux qui nous sont chers surtout quand cela ne va pas bien.
Alors est-il possible que nos pensées et nos souhaits rejoignent la prière ?


Les types de pèlerinage rencontrés
Pied, vélo, véhicule à moteur, âne, cheval etc.
Autrefois les pèlerins partaient à pied de leur habitation, un maigre baluchon sur l’épaule, un bâton pour soulager la marche et éloigner les dangers, des savates. Je n’ai rencontré personne l’ayant fait dans les mêmes conditions. Aujourd’hui le pèlerin est très bien assisté : équipement moderne (sac à dos, habillement, chaussures, bâtons etc), bar tous les 5km au moins en Espagne, moyen de couchage public ou privé tous les 15km au moins. Les seuls aléas concernent la santé et la capacité physique à supporter une marche plus ou moins longue. On fait le trajet en une fois, 2 fois, n fois. Une logistique peut suivre, les sacs peuvent être portés jusqu’au gîte suivant etc. Tout cela a peu d’importance seule compte cette intention, irréprésible pour certains, de rallier Compostelle d’une façon ou d’une autre .


La reconnaissance
Revenu en excellente santé et très heureux d’être allé au bout, d’abord un grand merci à mes 3 amis de m’avoir permis de vivre et réussir cette aventure. Jean sans qui je ne serai jamais parti. Paul-Marc qui m’a conduit à alléger mon sac, nous a confortablement descendus à Hendaye et a été le boutentrain du groupe. Les remercierai-je assez tous les 2 ? Michel pour son habituelle et prudente discrétion et les précieux objets qu’il m’a laissé pour poursuivre. Sylvie et Jean Michel qui nous ont accueillis avec leur gentillesse habituelle pour nous déposer à Ostabat point de départ de notre marche à 4 et au retour m’ont assuré gîte, couvert et réexpédition. Rodolphe, compagnon de route attentif, fidèle et courageux jusqu’à Compostelle, et ses femmes qui m’ont grandement facilité une partie très importante du retour. Thérèse et Michel avec qui nous avons pérégriné un bonne partie du temps. Merci aussi à nos 4 médecins : Pierre et Cathy, Véronique et Kerstin avec qui nous avons passé d’excellents moments. Et enfin « last but not the least », AMAR !


Un très grand merci à mes « chaussures » dont je viens de me séparer avec regret après 1500km de bons et loyaux services.


Une chaude reconnaissance à mes « bâtons » pour m’avoir permis d’économiser 20% de l’énergie qu’aurait du dépenser mon système cardiaque si je ne les avais pas eus. Car contrairement à ce que l’on dit nous ne nous allégeons pas de 20%. Que la pesanteur puisse être réduite d’autant ou que perdre du poids de cette façon puisse se produire cela se saurait. En fait, bien utilisés les bâtons font que les efforts pour marcher sont en partie absorbés par les bras, qui sont beaucoup plus proche du cœur que les pieds, et en exigent moins d’énergie, d’où les 20% calculés par les scientifiques ! M’étant décidé un peu tard à les utiliser, je n’étais pas très entraîné !


Un merci particulier au « parapluie ». Son histoire mérite quelques lignes. Les km accumulés je passe un gué et me pose près d’un arbre. Arrivent un homme svelte et racé aux cheveux blancs accompagné de sa soeur. On se parle et il me dit j’ai fait 25 ans au 1er RCP, ma femme en a eu assez et nous avons divorcé ! Depuis je travaille dans les transports urbains de Bordeaux. J’en suis à mon xème Compostelle, j’ai fait le GRxx, le GRyy….. Arrivent mes amis à qui il conseille de replier leurs chaussettes pour libérer la circulation du sang ! Puis nous repartons. Plus tard je les croise et je demande à ce coureur du djebel expérimené de me donner un conseil pour se protéger de la pluie. Il me répond avoir tout essayé et depuis s’en remettre à un parapluie à manche droit, il en avait d’ailleurs un rouge accroché à son sac ! Et puis chacun s’en va marcher de son côté. Mais son conseil avait porté. À Najera dans l’albergue je vois des parapluies dont un rouge à manche droit ! Étonné je demande à l’hospitalero à qui sont ces parapluies et il me répond ils ont été oubliés par les pèlerins et sont à qui les veut ! Et depuis j’ai trimballé ce parapluie, qui m’a rendu service, jusqu’à la maison. Et je suis persuadé que c’était le parapluie de mon pèlerin-conseil. Mais je continue à avoir avec moi pèlerine et guêtres !


L’étonnement encore
Nous avons connu de belles étapes. Nous avons eu des étapes très froides, des pluvieuses (10% du temps seulement), venteuses, plates, certaines sans grand intérêt, des refuges de tout types mais quasiment toujours en dortoir et le + souvent des lits à étages, des pèlerins rencontrés intéressants venant de loin et même très loin, nous avons tous pu le constater ! Des originaux, des pieux, des « kmivore , des grands, des petits, des gros, des maigres, des râleurs, des joyeux, des handicapés, des prudents, des généreux, des enthousiastes, des curieux, des joyeux, des matamores, des touristes, des dilettantes, des tricheurs, des profiteurs mais tous vers le même but St. Jacques de Compostelle.


On rencontre des vies cassées, normales, banales qui toutes s’enrichissent sans aucun doute dans cette aventure. Tous courageux, de 7 à 77 ans peut-être etc. Et il va de soi que les rencontres se font avec les personnes qui le font comme vous. On aborde plus aisément les solitaires que les gens en groupe. Peu de rencontres donc avec les cyclistes, automobilistes et touristes !


Toujours est-il que j’ai toujours du mal à comprendre pourquoi tous ces gens et moi torturons nos corps pendant tant de jours accumulant km sur km pour y arriver. Il faut reconnaître qu’à l’arrivée devant la cathédrale on est un peu perdu, mais l’étonnement est grand, la jubilation intérieure intense et la joie extérieure communicative !


Bilan
Environ 800km en 36 jours d’Ostabat à Compostelle, soit environ 22km en moyenne par jour de 7km au moins à 32km au plus. De Fromista à Compostelle 120h avec les arrêts et sensiblement la même chose d'Ostabat à Fromista (je n'ai pas noté !).
Journée type : lever tôt, toilette et sac vite fait - bien fait, petit déjeuner, marcher, boire, s’alimenter puis repos pour déjeuner, marcher, boire, s’alimenter et finalement (petite angoisse en fin de parcours) trouver et choisir le gîte, s’enregistrer, matérialiser sa place, douche, lessive, soin des petites douleurs, sieste, visites parfois, patience avant un dîner animé, coucher tôt et en général sommeil de plomb.


La marche sac au dos est un exercice inhabituel et donc dur.
Mais elle est excellente pour la santé :
• Physique, le croupier italien en était à son 4ème Compostelle consécutif et disait qu’avec ce régime il n’avait jamais été malade depuis. Mais pas de doute j’ai perdu quelques kg : Compostelle c’est maigrir et sourire. Sinon ? Grossir et souffrir ! Chose curieuse, en 6 semaines je me suis coupé une seule fois les ongles alors que dans mon cocon doré il faut le faire une fois par semaine. Même constat pour les cheveux ! Et la barbe ne s'est guère développée. 


• Psychique, cet exercice exige une discipline certaine. Même si c’est dur, volonté de partir et d’arriver à chaque étape, d’autres en perspective plus ou moins dures avant d’atteindre un objectif final qui apparaît bien  longtemps très lointain. Patience. Rigueur aussi. J’ai été étonné de mémoriser tous les soirs, la place où je posais chaque objet, l'emplacement des toilettes dans l'obscurité etc. Mes propres difficultés m’ont rendu aussi plus attentif à celles des autres.


Bien préparé, bien équipé et bien décidé cette marche-pèlerinage est accessible à pratiquement tout le monde. Mais même en groupe, cette marche-pèlerinage elle-même reste une aventure vraiment personnelle.


PS : Avec Michel nous recherchions une formule que j’avais employée et lui plaisait, je crois que c’est celle-ci :


Quand une conviction devient certitude, l’intolérance s’installe.

Et si ce n'est pas celle là il m'aidera à la retrouver !

FIN
Merci à mes amis et compagnons de "chemin" de me faire corriger les erreurs ou inexactitudes et d'apporter les commentaires appropriés pour tempérer mes impressions si elles sont diamétralement opposées aux leurs. 

samedi 19 décembre 2009

Retour à la maison, 5 et 6/11/2009

Le jeudi 5, départ pour la France vers 9h30. On opte pour la route la plus directe mais on a du mal à trouver le bon chemin de sortie. Nous déjeunons à Astorga tout près de l'auroroute. La fin du trajet se fait sous une pluie quasiment diluvienne et cela inquiète vivement les deux passgères. En cours de route on salue quelques pèlerins qui doivent être contents et nous font signe. Arrivée à Hendaye à 19h. Jan Michel et Sylvie avec qui nous nous étions entendus viennent me chercher au magasin Leclerc d’Urugne. Un pot à la cafeteria puis au revoir à ceux qui m’ont accompagné jusque là : Rodolphe, sa femme et sa fille venues nous récupérer et me voilà entre les mains de nos amis, la boucle est en partie bouclée tout au moins dans le sud. Excellente soirée, je suis gâté comme ils savent le faire. Sylvie fait même une machine pour moi tout seul : un tee shirt polaire, je n’en avais plus de propre pour retrouver ma femme. On prend un billet de train par internet avant d’aller au lit. Je tombe comme une masse.


Le 6, départ d’Hendaye à 7h53 pour Paris, Jean Michel m’accompagne à la gare. Ensuite Montparnasse puis Dreux où Zouzou me récupère vers 15h40, la dernière ligne droite est heureusement terminée.

Je suis étonné d'être arrivé.

dimanche 6 décembre 2009

LABACOLLA à SANTIAGO le 4/11 et plus


Il nous reste 10km à faire et c’est très bien pour arriver tôt à Santiago vers 11h. On part avec T&M à 8h30 et il ne pleut pas pour le moment, on respire. mais peu de temps après sous la pluie quasiment de bout en bout, le parapluie est parfait.Il aurait mieux vallu partir 1/2h ou 3/4h plus tôt .... Nous passons à Monte do Gozo où le gîte comporte plusieurs centaines (milliers ?) de lits. Et puis c'est le panneau tant attendu juste avant le pont, après une longue descente. Et juste après le pont ce monument sur lequel il y a l'effigie des papes .

On trouve la traversée des faubourgs de Santiago bien longue. Grande émotion à l’arrivée. On passe pour obtenir la Compostelle, on répond à une enquête on passe chez le barbier. Indispensable pour moi car ma femme ne m'accueillerait pas avec ces quelques poils sur le menton !! J'ai obtempéré. On arrive avec 1/4h de retard à la messe ; pas d’encensoir c’est le dimanche.

On retrouve près de la cathédrale et sur la place quelques pèlerins rencontrés depuis un bon moment ; on s’embrasse, on se félicite, on est très content, même émus d’être là. Mon mexicain odorant est là, un peu étonné, tout sourire et le pouce levé vient vers nous. On ne sait trop quoi dire, on ne sait pas trop bien où l’on est, mais on sent bien dans le regard de chacun un grand soulagement et une certaine fierté car ce fut dur malgré tout. Puis nous retrouvons T&M avec leurs amis pour casser une croute dans un bar proche de la place. Nous sommes rejoints par la femme et la fille de Rodolphe pendant le déjeuner. Christiane et Myriam vont visiter la cathédrale pendant que Rodolphe et moi allons faire rapidement quelques courses indispensables.


Nous quittons Santiago assez tard et arrivons en fin d'après midi à Fisterra. Il fait un vent à décorner les bœufs et je reste dans la voiture. Au bord de l’eau Rodolphe retrouve le jeune roubaisien que l’on avait croisé à Navarette. Il venait de se baigner et était en train de brûler une de ses chaussettes (tradition). Départ de Fisterra vers la Corogne avec petit arrêt pour boire un coup. Route de nuit sous la pluie assez pénible. On fini par trouver un hôtel, le luxe quoi,  vers 21h30 après avoir tourné autour ou presque, sous la pluie et le vent, la famille Pessanaise et leur passager commençaient à fatiguer. J’offre le dîner. Dodo confortable bien que tard.

RIVASIDO à LABACOLLA le 3/11

Hier marche sous un ciel plutôt gris mais sans pluie au milieu de forêts d'eucalyptus parfois gigantesques,  et le soir excellent dîner, comme souvent !!!

Un arrêt pour prendre un café et une banane, on rencontre un nantais qui a suivi le chemin de la côte sans rencontrer personne et qu'il a trouvé très dur. Nouvel arrêt pour manger une omelette faite spécialement pour nous 4 vers 12h30, excellente avec une grande bière. T&M ont retrouvé a Arca, terme prévu de l’étape, leurs amis venus de Vendée les chercher. Nous décidons de poursuivre jusqu’à Labacolla, soit 10km de plus sans rien avant l'arrivée, où nous finissons à l’hôtel Jacobea. Rodolphe et moi nous nous offrons l'apéritif (Inévitable "ROTABE" ) dans le bar cossu, sièges en cuir, choyés par trois serveurs et nous étions seuls. Excellent dîner ensuite (c'était même trop) menu du jour, nous étions 2 dans une salle immense. Petit déjeuner copieux (buffet) également. Bonne formule de se retaper un peu avant l’arrivée, à recommander, d'autant plus qu'ils font un prix pour les pèlerins, 39€ en tout. C'est bon d'oublier le sac de couchage, vive les draps et un bon grand bain. Il me semble que ce sont les serviettes qui sont le plus appréciées, 2 pour moi tout seul dit Rodolphe ! Eux sont dans un hôtel à 200m du notre et passeront nous prendre à 8h30. Même dans les hôtels de "luxe" (dans le contexte que nous vivons depuis plus d'un mois) on fait tamponner notre credencial obtenue à SJPP.




Ce que me propose Rodolphe, qui va nettement mieux, dont la femme et sa fille viennent le chercher, c’est après le déjeuner d’aller a Fisterra et puis entamer le retour vers la France en s’arrêtant pour coucher quelque part ce soir et le lendemain me déposer a Bayonne, ensuite un TGV pour Montparnasse et Dreux.

vendredi 4 décembre 2009

PALAS DE REI à RIVASIDO le 2/11


Départ vers 8h15 arrivée 15h30 à Rivasido après 27,5km (moins hier plus aujourd'hui). Sido est la rivière le long de laquelle se trouve le gite qui est très bien et moderne avec des cuisines toutes neuves. Pour ceux qui voudraient faire la cuisine il faut s’approvisionner avant d’arrivée, il n’y a rien sur place. Marche par beau temps, très accidentée dans les chemins de campagne donc agréable.
Pour le "déjeuner", dans le bar ci-contre, au plafond duquel sont accrochées des milliers de casquettes données par les pèlerins,  nous avons pris un bocadillas au jambon fromage au pain frais que j’ai trouvé particulièrement savoureux avec une grande inévitable San Miguel,  le patron nous offrant à la fin quelques châtaignes bien chaudes. Rodolphe et moi prenons quasiment toujours le même "menu" ça facilite notre ignorance de l'espagnol. Rencontre avec des champignons et Rodolphe soupire de tristesse chaque fois qu'il voit des cèpes dont on ne saurait que faire s'il les ramassait. Il se rattrapera dans les bois de Pessan. Ce soir ai un peu plus mal aux pieds car avec les frottements et la pluie d’hier ma semelle interne droite s’use et me donne l’impression d’avoir un caillou dans la chaussure ... encore 2 jours, j’espère que cela tiendra jusqu’à Santiago (22km demain et 20 le jour suivant.) le but n’a jamais été aussi proche et on sent tout le monde impatient d’arriver. Rodolphe va un peu mieux et tient le coup. Sans incident particulier on arrivera le 4 vers 15h et la je verrai comment rentrer. Maintenant on rencontre des gens que nous n’avons jamais vus et qui viennent de loin et de partout. Tout le monde ne fait pas le même parcours, les mêmes étapes. etc.
Hier soir j’étais sur le lit du haut, quasiment pour la première fois, aujourd’hui je suis en bas mais il y a un mexicain au dessus de moi, pas tout jeune, vu depuis le départ ou presque qui se couche tout habillé et sent très fort !! Il a du vraiment simplifier le contenu de son sac, mais pas de quoi faire rêver Paul-Marc tout de même.

PORTOMARIN à PALAS de REI 1/11


Rapidement pour dire que nous sommes partis de Portomarin vers 7h45 pour Ponte Campana sous une petite pluie qui s’est vite calmée. Puis vers 11h30 elle est devenue sévère et venteuse. C'est la raison pour laquelle Rodolphe n'a pu faire que cette photo ci-contre dans la matinée. À midi 30, pas encore trempés nous avons mangé à El Axeire. Pour moi des calamars frits excellents et une ou deux bières puis café. Ensuite nouveau départ sous des trombes d’eau et grand vent !!!!  Cela va sans dire nous étions trempés et avons abrégé vers 15h30 cette marche particulièrement pénible à Palas de Rei, 4km avant l’objectif prévu 24,5 au lieu de 28,5km). Bon gite municipal en plein centre en face du Palas de Rei, chauffé, nous avons fait une lessive généralisée avec T&M puis séchage machine. Excellent diner tout près du gite. Les radiateurs chauffent, les chaussures pleines de journal rapporté d’un bar voisin par Michel sont quasiment sèches donc cela ira pour demain. Programme pas encore défini on verra selon le temps. Voilà plus que 3 étapes et nous serons a Santiago. Rodolphe va beaucoup mieux et est confiant pour demain, la perspective d'atteindre l'obectif prévu ça dope. On sent que tout le monde a hâte d’en finir. Nous étions 6 dans une chambre de 10 mais avec un nouveau pèlerin : un brésilien de plus de 2m et 150kg à la chevelure corbeau abondante, à la démarche particulièrement lourde (il m’a fait penser à Maria-Anjeles) mais avec un visage d’ange et réjoui, il en voyait le bout lui aussi. A l’apéro dans le même bar que nous il a sifflé une bouteille de rouge et le soir pour dîner également (mais c’était compris dans le menu). Bilan de l’histoire, une vraie forge pendant toute la nuit. Il ronflait "comme un boeing" dixit un français, content de trouver des français à qui parler, qui avait déjà partagé son dortoir.

SARRIA à PORTOMARIN le 31/10


Départ vers 8h35 et arrivée à 15h15. Passage sur un des miltiples ponts que nous avons franchis, et devant la borne des 100km (il y en avait une autre 200m avant). Nous approchons vraiment du but. "Étape de merde" pour Rodolphe ; chemin grimpant et forte descente pénible vers Portomarin. Nous avons casse crouté à Ferreiros. Rodolphe a une rhino pharyngite aiguë. Demain ça passe ou ça casse , journée à oublier dit-il. Gîte municipal pas terrible paraît-il, donc nous optons pour  un privé pas trop mal  (Le MIRADOR), avec vue sur la vallée, le barrage est vide. Nous sommes 3 dans une chambre de 6 lits avec le croupier.
 Nous pensions qu'il s'agissait d'un séchoir, eh bien non, ce sont des greniers, il y en a de toutes sortes mais tous bâtis sur le même principe, éviter que les rongerurs n'accèdent au garde manger. Juste après avoir franhi la vallée il reste cet escalier à grimper ... ce que font avec une grande facilité nos amis T&M.
Dîner sur place très correct avec T&M. En allant faire un tour dans le pueblo pendant que les autres se reposaient, j’ai gouté au cidre à la pression, c’est bien bon. Achat d’un bic, de Kleenex, de bananes (Rodolphe aime ça) et pommes puis passage au distributeur de billets. Portomarin est un village construit de toute pièces pour laisser place à un barrage qui a englouti tout se qui se trouvait sur les bords de la rivière ! L'église qui se trouve sur la grand place a été remontée de toutes pièces avant que le barrage n'engloutise tout le village, comme d'autres monuments d'ailleurs.

jeudi 3 décembre 2009

FONFRIA à SARRIA le 30/10

Ce matin départ 8h20 de Fonfria pour Calvor. À la sortie du village une toute petite vieille proposait quelques crêpes dans une assiette recouverte d’un film plastique, Rodolphe et moi en avons pris une ça doit lui permettre d’arrondir les fins de mois ; BA du jour ? Petite chapelle toute en pierre je ne sais plus où exactement puis cette fontaine pour que le pèlerin puisse se désaltéré.  Descente jusqu’à Triacastela où on prend un café et faisons des courses pour le pique-nique (le boulanger était là aussi dans son fournil), puis ensuite passage par San Xil, très beau parcours très belle grimpette aussi suivie d’une descente pas facile. L’autre chemin passe par Samos, 4km de plus mais très beau et très vieux monastère paraît-il. Par San Xil c’est nature et solitude.
Au pique nique nous avions tous les pieds endoloris.

Arrivés a Calvor on s’aperçoit qu’il n y a qu’une albergue et rien d’autre, perdue a côté d’un rond point camembert. Alors là encore on a décidé de poursuivre jusqu’à Sarria soit 4km de plus. En fait on a fait un peu plus de 28km aujourd’hui ... mais nous avons tenu bon Rodolphe aussi qui commence un rhume. Nous sommes dans une vieille maison comme albergue, la dernière de la rue qui monte vers l’église, pas mal du tout et on nous offre le digestif après le dîner. On ne peut qu’y dormir mais le bar resto a cote ouvre à 19h pour diner et 7h pour petit déjeuner alors tout va bien. Nous sommes 3 dans une pièce de 8 couchages, dont un italien ancien croupier et aujourd’hui restaurateur de meubles anciens. Au compteur il reste 112km et 5 étapes dont encore une de 28km. T&M sont dans une autre albergue où tout est compris mais on les retrouvera demain sur le CAMINO. Les 3 dernières étapes ont été mieux équilibrées.
Douche prise, pieds et jambes massés il nous reste à aller prendre un apéritif bien mérité et à dîner avec l’italien puis coucher tôt pour une journée qui ne semble pas trop dure le lendemain.

VEGAVALCARCE à FONFRIA le 29/10



Partis ce matin 8h de Vegavalcarce, très belle montée plutôt dure et raide mais sans problème (s’il ne pleut pas car les chemins doivent devenir des torrents) vers O Cebreiro où nous déjeunons avec T&M. Nous sommes passés en Galice à la borne 154km de Santiago. Au restaurant on rassure une mexicaine qui attend son mari photographe arrêté sur le chemin pour faire des photos. Nous atteignons Alto del Poyo où nous devions nous arrêter et puis quand nous sommes arrivés on nous dit qu’il fallait d’abord faire le ménage du gîte. Alors avec Rodolphe et T&M nous décidons de poursuivre jusqu’à Fonfria 3,3km plus loin d’où une arrivée vers 16h. Très bien nous en a pris car l’albergue, privée, est à recommander.
Belle vue sur les montagnes environnantes. Dîner collectif, menu unique très bon et copieux ; petit déjeuner sur place. Nous sommes à 139km de Santiago. A Vegavalcarce nous avions retrouvé l’espagnol qui avait une carreta comme Jean. Toujours aussi aimable ... Rencontre avec un troubadour, jeune français qui emporte sa guitare dans son sac ! Après le dîner il a gratté sa guitare pour une sérénade dans le salon et un public féminin enthousiaste mais bruyant, dur de s’endormir.

CACABELOS à VEGAVALCARCE le 28/10

Hier soir excellent dîner peregrino 9€ précédé d'un inévitable "rotabé" dans une auberge de la rue centrale pavée, la serveuse était française et j'ai eu droit à 2 desserts.
Ce matin départ 8h dans le brouillard mais il ne fait pas froid. On suit la route, puis passage dans les vignes, avec Rodolphe on prend des raccourcis ce qui amène le long de la route mais la différence espérée doit être très minime puisque on se retrouve avec T&M à 50m près. Inutile de prendre ces raccourcis qui n’en sont pas. Très beau temps rapidement, même chaud.

Peu après ces curieuses oeuvres d'un artiste isolé au milieu des vignes, Rodolphe, qui a besoin de manger parce que cela le rassure dit-il, en avançant dans les vignes aperçoit de bien belles poires ne demandant qu'à être cueillies. Mais bien trop hautes pour que ce soit à la main. Alors n’entendant que son estomac il lance un de ses bâtons de pèlerin dans l’arbre pour qu’il en tombe quelques unes, ce qui se produit. A moitié éclatées bien sûr. Mais hélas le bâton reste accroché dans l’arbre à bien 3 ou 3m50 de hauteur ! Le récupérer doit pouvoir se faire en lançant astucieusement des projectiles, ce que je fais sans succès. Rodolphe aussi en lançant son 2ème bâton !! Hélas le 1er est accroché dans l’arbre par sa dragone et ne veut pas tomber et voilà que le 2ème bâton se trouve lui aussi très bien là haut. La situation, cocasse, devient embarrassante car Rodolphe a vraiment besoin de ses bâtons pour avancer, surtout dans les montées (et demain ce sera très dur). Nous finissons par récupérer le 2ème bâton pendant que le 1er reste bien accroché ! Alors on effectue un montage en raboutant son bâton et l'un des miens, mais cela ne suffit pas ! Alors on raboute les 2 miens à leur longueur maximum et voilà que Rodolphe atteint son bâton haut perché. Il le titille et, voilà qu’un coup un peu brusque du poignet pour décrocher le coupable brise un de mes bâtons ! Rodolphe est désolé et moi embêté, demain ça monte. On fini par abandonner le bâton qui un jour finira par tomber je jette les restes du mien dans le fossé et nous voici repartis clopin clopant vers Villafranca del Bierzo.
En cours de route on rencontre un espagnol qui a longtemps travaillé en France et nous pouvons discuter de façon intéressante. Villafranca où il habite était autrefois la capitale du Bierzo (le berceau) cette plaine riche, entourée de montagnes à franchir par le pèlerin. En lui rappelant que Saint Jacques était aussi appellé Matamoros, il a eu un grand sourire et m’a répondu avec un air gourmand : La RECONQUISTA !!


Belles églises, beau château, belle ville où je finis par trouver une paire de bâtons à amortisseurs dans un bazar chinois que les espagnols ne voulaient pas signaler. Mais dans un magasin de décoration, le patron ayant travaillé 20 ans en France me donne cette adresse. A la sortie de cette belle ville on fait quelques emplettes pour le pique-nique, puis nous double l'étrange pèlerin ci-contre.


Ensuite le chemin longe la route et l'auroroute dans la vallée qui est belle et très encaissée. On double T&M qui pique-nique près de ce pèlerin, nous ce sera un peu plus loin à l'entrée d'un village où nous prendrons le café dans le seul bar existant. Depuis un moment on trouve plein de noyers et de châtaigniers. Bien avant c’était des amandiers.
On s’installe au refuge municipal où on retrouve le copain de Jean qui a une carreta ! Bonjour, sans plus. Bon accueil par une jeune hospitalera class. Gîte complet au 1er étage, mal dormi, matelas très usé. Au restaurant tout proche il a fallu dérider le garçon, on arrivait trop tôt. Alors apéro d’abord. Et bon dîner : Pâtes, œufs au jambon frites, gâteau de Santiago (aux amandes, très bon).

Ci-dessous prière des pèlerins  remise à Los Arcos et qui n'aborde pas la RECONQUISTA

mardi 1 décembre 2009

MOLINASECA à CACABELOS le 27/10


Départ 8h arrivée 14h par beau temps chaud sur la fin. A Ponferrada (passage au distributeur de billets), passage devant la mairie et au large des remparts.
On ne s'arrête qu'à la pharmacie pour Rodolphe et nous faisons le choix de la ligne droite le long de la route pour économiser le pied de Rodolphe (c'est inintéressant et pénible, mieux vaut prendre le "Chemin" dans les vignes si tout va bien).

Nous avons retrouvé le Chemin a Camponaraya (3 à 4 km de moins selon les versions) où nous avons acheté le casse-croûte pris ensuite à la sortie du village, quand on quitte la route,  dans une aire de repos pour peregrinos (sandwich jambon fromage, tomate, pomme et une bière délicieuse), les pieds à l’air. Un promeneur passe avec des champignons énormes. Et puis dernière "ligne droite" dans un paysage de vignes légèrement valloné, reposant et agréable, par beau temps. A l'entrée dans Cacabelos un gîte privé qui nous a semblé pas mal mais nous poursuivons jusqu'au municipal. Juste avant le gîte nous passons devant un pressoir à raisin ressemblant bigrement à un pressoir de pommes normand. T&M arrivent 1h15 après nous en ayant pris le chemin normal. Apéro et dîner en ville. Petit déj aussi après un café au distributeur.


En principe la femme de Rodolphe vient le chercher et il me propose de me ramener jusqu’à Bayonne, mais avant de rentrer il veut aller jusqu’a Fisterra.

Dans ce gîte municipal pas de dortoir, mais toute une série de chambres à 2 lits entourant l’église. C’est original et les couples doivent enfin retrouver un peu d’intimité. Les sanitaires sont au milieu et pour aller "pisser" la nuit il faut sortir et ça ne doit pas être sympa s’il pleut ou fait froid.

RABANAL à MOLINASECA le 26/10

 Partis de Rabanal a 8h, arrivée vers 15h45. Nous avons grimpé, un peu dans le beau temps, un peu dans le brouillard mais pas une goutte de pluie. Passage par la "Cruz de Foncebadon" puis arrivée au col, "Cruz de Ferro", par des chemins corrects en partie caillouteux. Ça monte vraiment, 2 ou 3 photos en admirant ce paysage de montagnes frais, le soleil l'éclairant par endroits ou recouvert de nuages inquiétants et tout alentour couvert d'éoliennes.
Puis c'est la descente. Au début pas trop dur mais ensuite des chemins étroits puis très caillouteux et très pentus jusqu’à l’arrivée. Étape éreintante, dure, le corps a beaucoup souffert de cette descente.
L’albergue, privée plutôt bien mais rien pour poser ses affaires, était à la sortie du village ! Bref, douche au sous-sol, lessive soin des pieds et jambes et un bout de sieste malgré l’heure tardive. On avait pris un pique nique à l’albergue de Rabanal et bouloté à mis parcours. Où on s'aperçoit que certains pélerins viennent de très très loin. Près de cette auberge hippie, on a casse crouté en mangeant, entre autres, des chataignes fraîches !
On est très content d'apercevoir enfin l'église de Molinaseca ci-dessous !!!
Le gîte trouvé est neuf et très bien par rapport au municipal qui est beau et très ancien avec des doubles lits dehors (pour l'été), un peu plus loin à la sortie vers Ponferrada. T&M nous ont offert l’apéro pour fêter leur déjà 2 mois passés sur le chemin depuis le Puy. Passage chez le pharmacien pour les uns et les autres puis dîner select pour 12€ au restaurant le plus proche du gîte, mais il faut revenir sur ses pas !

ASTORGA à RABANAL le 25/10

Hier soir, dîner chez Gaudi (à recommander), face à la cathédrale fermée car en restauration, très bon et un excellent vin , Rodolphe ne buvant pas de vin j'en ai profité. Auparavant apéritif au salon bar, très select, un quarteron de vieilles dames y jouait aux cartes. Belle albergue privée « Nostra Senora del Pilar », bien vieille, pas mal et le service est bien. Ce matin départ 8h30 sous la pluie pendant 3h30, heureusement sans vent, mon parapluie a été parfait et les chaussures n’ont pas été mouillées. Plaine d’abord puis à partir de El Ganso petite montée tranquille vers Rabanal mais Rodolphe a eu bien du mal à finir avec son pied droit. Platée de nouilles au chouriso et grand 1/2 pour se reconstituer à l'arrivée vers 13h30. Internet sur place. Albergue municipale fermée et 2 hôtels chers. Pas grand chose à faire sauf douche, lessive, pieds, lit, jambes etc... et un pot en passant pourquoi pas !

Demain donc montée de 150m puis ensuite descente sur Molinaseca. C’est après demain que cela sera difficile. En arrivant avons retrouvé T&M qui sont partis très tôt ayant oublié le changement d’heure. A 19h la messe en grégorien à l’église du village, mais ratée.

Vu sur un livre d'or :
Je cherche la lumière, j'ai déjà les ampoules